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Le attivitĂ  e aperture del Laboratorio di Riparazione e Riuso di Londa 
sono il mercoledĂŹ e il sabato pomeriggio.

CALENDARIO

mercoledĂŹ 23 settembre 2015

Reportage francese nel Dossier Grandi Opere Inutile e Imposte

Chez les No TAV en Italie : 20 ans de lutte contre l’absurde projet Lyon-Turin

21 septembre 2015 Adrien Kempf et Hermine Rosset (Reporterre) 


Vingt ans. Vingt ans que les No TAV mĂšnent la lutte contre le projet de train Ă  grande vitesse entre Lyon et Turin et dĂ©noncent un modĂšle absurde, les collusions avec la mafia, le processus anti-dĂ©mocratique... Alors que l’écrivain Erri de Luca passe en procĂšs ce lundi pour avoir soutenu les militants No Tav, Reporterre a Ă©tĂ© les rencontrer sur le terrain de lutte.
- Val de Susa (Italie), reportage
Au nord de l’Italie, Ă  50 kilomĂštres Ă  l’ouest de Turin, le Val de Susa est l’objet de toutes les attentions politiques et militantes du pays. Les autoritĂ©s prĂ©voient d’y creuser un tunnel de 57 kilomĂštres pour crĂ©er une ligne ferroviaire supplĂ©mentaire entre Lyon et Turin, dite Ă  Â« grande vitesse Â» (Treno ad Alta VelocitĂ  ou TAV).
Vingt ans de lutte
Depuis les annĂ©es 90, le mouvement No TAV se bat contre ce projet. Aujourd’hui la construction d’un tunnel d’exploration de sept kilomĂštres se poursuit dans un creux de montagne, sur la commune de Chiomonte. AprĂšs avoir Ă©tĂ© expulsĂ©s de plusieurs lieux de lutte, les No TAV ont acquis et occupent un bout de forĂȘt qui surplombe le chantier.
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Vue depuis le campement
Ils se retrouvent lĂ  chaque vendredi. Sous les bouleaux et les pins, un abri de bois et de tĂŽle, des tables, des bancs, une cuisiniĂšre Ă  bois pour les jours d’hiver et des banderoles Â« TAV = Mafia Â»ou Â« Liberi Tutti Â» postĂ©es face au chantier. On y accĂšde par un Ă©troit sentier Ă  travers la forĂȘt, le long d’un prĂ©cipice. Ce matin lĂ , la montagne est vĂȘtue d’écharpes de brume.
C’est l’occasion de se retrouver, d’échanger les derniĂšres nouvelles de la lutte et de partager un pique-nique tirĂ© du sac. Mais c’est avant tout une maniĂšre pour les occupants de montrer qu’ils sont toujours lĂ , opposĂ©s au projet, mĂȘme aprĂšs plus de vingt ans de lutte et un acharnement Ă  les faire disparaĂźtre. Le campement des No TAV, accrochĂ© Ă  flanc de montagne, surplombe et nargue le chantier du tunnel, enfoui Ă  l’ombre des piles de l’autoroute qui passe trente mĂštres plus haut.
La premiĂšre chose qui frappe c’est le dĂ©calage entre cet Ă©crin de verdure, ces petites constructions en bois oĂč on discute et rigole autour d’un verre de rouge et le chantier en contrebas, gris, poussiĂ©reux, avec ses logements en prĂ©fabriquĂ©s, et le ballet bruyant des camions bennes, le tout hĂ©rissĂ© de grilles et de barbelĂ©s, gardĂ© par des militaires qui s’ennuient ferme.
Car pour protĂ©ger un chantier qui compte, au plus, une cinquantaine d’ouvriers, contre des opposants non violents, il faut deux cents militaires et policiers Ă  demeure, trois sĂ©ries de grilles surmontĂ©es de barbelĂ©s Ă  lames de rasoirs, des dizaines de camĂ©ras vidĂ©os et projecteurs pour Ă©clairer la nuit comme en plein jour.
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Vue sur les premiers sommets des Alpes qui enserrent le val de Susa. Les drapeaux No Tav flottent au bord de la route, partout dans la vallée.

Les bulldozers ont détruit une nécropole millénaire
Visible depuis le chantier, le lieu occupĂ© par les No TAV, est hautement symbolique. Il montre la vigilance citoyenne et il est un espace prĂ©servĂ© des saccages du chantier et de l’occupation militaire.
Jusqu’à l’arrivĂ©e des engins de travaux publics, ce versant de montagne abritait un site archĂ©ologique exceptionnel datant du Ve millĂ©naire avant notre Ăšre et constituant l’une des premiĂšres traces de la prĂ©sence humaine dans les Alpes. C’était Ă©galement un point de passage d’une importante voie de pĂšlerinage, la Via Francigena, menant de France Ă  Rome. Le site Ă©tait amĂ©nagĂ© et ouvert au public, avec un musĂ©e et un parcours pĂ©dagogique.
Aujourd’hui le musĂ©e est cernĂ© par une haute enceinte peuplĂ©e de jeeps de l’armĂ©e. Les panneaux explicatifs sont dĂ©truits, renversĂ©s ou coincĂ©s entre deux grilles anti-Ă©meute et ornĂ©s de barbelĂ©s. En 2011, quand l’armĂ©e a investi cette zone, une nĂ©cropole millĂ©naire a disparu sous les coups des bulldozers. L’emplacement est aujourd’hui matĂ©rialisĂ© par des filets en plastique orange vif, comme pour Ă©viter que les sentinelles en treillis, postĂ©es derriĂšre les grilles, ne marchent encore dessus. Maigre consolation.
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Le musĂ©e archĂ©ologique du site de La Maddalena fait partie de l’enceinte du chantier. Il est « temporairement fermĂ© Â», selon le site internet du musĂ©e. DerriĂšre le militaire, les restes de la nĂ©cropole prĂ©historique.
Si on ne peut plus visiter la zone archéologique, le chantier, lui, se visite. On y aperçoit des grands panneaux trilingues destinés aux visites guidées.
Face Ă  ces travaux grisĂątres, les No TAV tiennent Ă  continuer Ă  embellir les lieux. Ils ont rĂ©novĂ© d’anciennes terrasses, replantĂ© des arbres fruitiers, crĂ©Ă© un jardin de la mĂ©moire et... accrochĂ© des fleurs aux fils barbelĂ©s.
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Une autre vision

C’est une autre vision de la vallĂ©e et des modes de vie que dĂ©fendent les No TAV. Face aux grandes infrastructures de transport international, dont plusieurs empiĂštent dĂ©jĂ  largement sur la vallĂ©e, ils proposent des Ă©changes locaux. Face Ă  l’artificialisation des espaces, ils opposent la prĂ©servation du patrimoine naturel et historique. Face aux mĂ©thodes anti-dĂ©mocratiques et violentes de l’Etat, ils dĂ©fendent le dĂ©veloppement des solidaritĂ©s. Â« Nous voulons une façon de vivre plus propre, plus proche des personnes, moins Ă©goĂŻste Â», dit Paolo.
C’est peut-ĂȘtre ce qui explique le succĂšs de ce mouvement Ă  travers tout le pays. Au-delĂ  des rendez-vous hebdomadaires prĂšs du chantier, le mouvement tient une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale chaque mois qui rĂ©unit plusieurs centaines de personnes. Dans chaque village de la vallĂ©e et chaque ville d’Italie, on trouve un comitĂ© local, ce qui permet une multiplication d’actions, de soirĂ©es de soutien, le suivi des procĂšs et l’organisation de manifestations. La derniĂšre, le 28 juin, a rassemblĂ© cinq mille personnes.
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RĂ©union du comitĂ© local No TAV de San Didero , l’un des villages de la vallĂ©e. Les dĂ©cisions sont discutĂ©es en plein air, non loin de la route, et les passants sont les bienvenus.
En rĂ©ponse Ă  cette mobilisation, la rĂ©pression policiĂšre et juridique est trĂšs forte : 1000 militants inculpĂ©s dans une vallĂ©e de 90 000 habitants.
Pour comprendre cette dĂ©bauche de moyens et la militarisation des travaux, il faut remonter en 2005 et quelques kilomĂštres plus loin, Ă  VenĂ us. C’était le lieu initial prĂ©vu pour creuser le tunnel exploratoire. Les opposants au projet Ă©taient parvenus Ă  investir les lieux et Ă  y installer un campement. Il fut Ă©vacuĂ© violemment et sans sommation en pleine nuit. Mais quelques jours plus tard, le 8 dĂ©cembre 2005 les opposants revinrent... ils Ă©taient 30 000. Ils ont repris le terrain, qui reste occupĂ© aujourd’hui.
Face Ă  cet Ă©chec sur terrain plat, le projet a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© de quelques kilomĂštres, au fond d’un vallon aux accĂšs restreints... et militairement beaucoup plus facile Ă  dĂ©fendre. Mais les opposants n’ont pas abandonnĂ© et ont occupĂ© un terrain proche, dont ils furent lĂ  encore chassĂ©s violemment. De ces expulsions violentes les No TAV gardent un souvenir pĂ©nible. Â« J’ai eu l’impression d’ĂȘtre en guerre Â», dit Emilio, une expression qui reviendra plusieurs fois dans les discussions que nous avons eues.
Ils ont ensuite achetĂ© plusieurs terrains. Sur l’un d’eux, ils ont construit une cabane. Le lieu Ă©tait idĂ©al pour accueillir de grands rassemblements. Mais la cabane fut fermĂ©e en 2012 : elle dĂ©borderait de vingt centimĂštres sur la propriĂ©tĂ© voisine... L’affaire est en cours de jugement.
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Un autre accĂšs au site, un autre poste de contrĂŽle tenu par des militaires.

Un grand projet pour les caisses des entreprises de BTP
Comment expliquer la violence dĂ©ployĂ©e pour imposer ce projet ? Moyens militaires, rĂ©pression juridique, destruction d’un patrimoine prĂ©historique : le tout pour un projet ruineux (au moins 13 milliards d’euros pour 57 km de tunnel), dangereux pour la santĂ© des populations et dont l’utilitĂ© est fortement discutĂ©e.
Les promoteurs du projet mettent en avant le dĂ©veloppement du fret ferroviaire et du trafic des passagers et assurent pouvoir rĂ©aliser les travaux en moins de dix ans. Autant d’arguments poliment mis en doute par la Cour des comptes française en 2012.
Les No TAV proposent, eux, une rĂ©ponse qui semble presque trop simple : le chantier sert Ă  dĂ©tourner l’argent public vers les entreprises privĂ©es. Ils Ă©voquent l’implication de la mafia, unsoupçon partagĂ© par Roberto Saviano. En effet, depuis le dĂ©but des travaux, il y a deux ans, trois kilomĂštres seulement ont Ă©tĂ© creusĂ©s, et ce n’est que le tunnel d’exploration. A ce rythme, le tunnel ferroviaire serait achevĂ© en 2040. Pour eux, le tunnel ne sera probablement jamais fini, garantissant aux entreprises du BTP un chantier sans fin. Version moderne du tonneau des DanaĂŻdes, Ă  la diffĂ©rence que ce dernier ne gĂ©nĂ©rait pas de profit...
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La « taupe Â»
En tout cas, le chantier est rĂ©guliĂšrement Ă  l’arrĂȘt : nous n’avons vu fonctionner la Â« taupe Â» qui creuse le tunnel qu’à partir du milieu d’aprĂšs-midi. Personne ne peut prĂ©sager de l’issue de ce chantier. Ce qui est sĂ»r, c’est qu’il fait se rencontrer, Ă  travers les mobilisations, les gens de la vallĂ©e et de tout le pays. Ils le disent : la solidaritĂ© au quotidien s’est dĂ©veloppĂ©e.
Certains s’engagent en politique et gagnent des mairies avec des listes citoyennes, comme Ă  Almese. D’autres rĂ©quisitionnent des terrains abandonnĂ©s pour cultiver en bio (Genuino clandestino) ou crĂ©ent une filiĂšre locale de chanvre textile. Les petits commerçants et artisans locaux se regroupent en association (Etinomia) et partout en Italie, les militants No TAV sont accueillis spontanĂ©ment...
Au fond, comme aime le dire Paolo : Â« On a dĂ©jĂ  gagnĂ©. Â»

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